Il n'est pas trop tard pour prendre soin de moi

Publié par Vicki Juneau le

Lorsque j'étais ado, j'étais en pleine forme! À 16 ans, je suis devenue sauveteur. Pour moi, c'était l'accomplissement de nombreuses années de travail, puis j'étais fière de cette qualification! J'ai commencé à surveiller des baigneurs vers 14 ou 15 ans, alors que j'avais ma Croix de Bronze, puis j'ai travaillé quelques étés, principalement pour des piscines de blocs appartements. J'attendais la fin de mon secondaire pour postuler pour la Ville de Québec, afin de travailler toute l'année pour payer mes études. 

En juin 2008, j'ai obtenu un emploi d'été à l'Île-aux-Coudres. J'allais y passer environ 3 mois comme employée d'un hôtel, logée et nourrie. C'était l'été entre mon secondaire et mon CEGEP, j'étais impatiente de vivre cette expérience!

Quelques semaines avant mon départ, j'ai eu mon bal de graduation. Un événement dont je ne garde pas d'excellents souvenirs, parce qu'on va se le dire, j'étais loin d'être populaire et je ne me sentais pas à ma place. Une soirée banale, mais une belle occasion de porter une robe empruntée à ma cousine. 

Quelques jours après mon bal, je me suis mise à avoir mal à la jambe gauche. Ma mère pensait que c'était la faute à mes talons hauts sur lesquels j'avais dansé toute la soirée - ils n'étaient pas si hauts que ça et je n'avais pas dansé, mais je ne sais pas si je lui ai avoué à l'époque! 

Chaque jour, ma jambe me faisait un peu plus mal. J'allais prendre des marches, me disant que de faire de l'exercice allait peut-être m'aider, mais non. Plus je marchais, plus ça empirait (après coup, on sait que je mettais ma vie en danger à chaque fois que je marchais, mais quand on ne sait pas, on fait comme on peut)!

Au bout d'environ une semaine, je me suis réveillée avec la jambe vraiment enflée, de la cheville jusqu'au haut de la cuisse. J'avais un lit à deux étages à l'époque. Je dormais en haut, et il y avait un futon en dessous. Après avoir eu toute la misère du monde à descendre de mon lit, je me suis assise sur ma chaise d'ordinateur sur roulettes, puis je me suis déplacée dans la cuisine. En me voyant, ma mère a paniqué. Elle m'a tout de suite amenée à l'urgence, où j'ai emprunté un fauteuil roulant. Je suis entrée par le triage et je ne suis pas retournée dans la salle d'attente. En mesurant mes jambes, j'en avais une quasi deux fois plus grosse que l'autre, c'était terrible. 

J'avais une thrombose veineuse profonde, qu'on appelle aussi une thrombophlébite, causée par un malheureux mélange de prise de la pilule contraceptive et du Facteur 5 de Leiden, un truc dans le sang qui fait qu'il est amené à coaguler plus facilement. J'ai passé une semaine à l'hôpital, puis tout un été en fauteuil roulant, puis en béquilles. Sans oublier les affreux bas de compression qui montaient jusqu'en dessous des seins, et qui me donnaient tellement chaud! J'avais un suivi médical serré, je prenais du Coumadin et une infirmière venait me faire des prises de sang régulièrement. J'étais souvent seule, c'est dans les moments difficiles qu'on voit qui sont les vrais amis, et ils n'ont pas été si nombreux à me rendre visite cet été-là.

Donc, l'été qui devait être l'expérience d'une vie s'est transformé en catastrophe, et je n'ai plus jamais été sauveteur. Inconsciemment, je crois que j'ai mis une croix sur la natation pour ne pas avoir à penser au fait de ne plus vivre mon rêve d'enfance. Par la suite, j'ai arrêté le sport et je suis devenue sédentaire. J'ai voyagé, j'ai passé du bon temps, j'ai vécu tout plein de belles expériences, mais le sport ne faisait plus vraiment partie de ma vie. J'ai pris quelques cours de cardio-vélo à l'université, mais j'avais toujours mal à la jambe gauche et je n'aimais pas tellement ça, donc je n'ai pas persévéré.

Dans les années qui ont suivi, je suis devenue barmaid. C'était agréable et payant; je pouvais subvenir à mes besoins sans faire trop d'heures de travail et j'aimais l'ambiance. J'ai poursuivi mes études, puis je suis tombée enceinte avant ma dernière session d'université. À la fin de ma première grossesse, malgré toutes les précautions (dont des piqûres tous les jours), j'ai fait une deuxième phlébite. J'ai passé le dernier mois de ma grossesse sans vraiment pouvoir bouger, et après mon accouchement, on a dû vivre une semaine chez mes grands-parents avec notre bébé naissant, parce qu'on habitait à un 3è étage et que je n'arrivais pas à monter les escaliers. 

Il y a ensuite eu une deuxième grossesse, pendant laquelle j'ai pris des doses très importantes d'anticoagolants, et je n'ai pas refait de phlébite. 

J'ai cessé d'être sauveteur à 17 ans. Douze ans plus tard, j'ai deux enfants et je ne suis pas en bonne forme physique. Mon poids ne me convient pas, il a augmenté au fil des années et des grossesses, et je n'ai jamais mis les efforts nécessaires pour le ramener à son meilleur. Je voudrais me sentir mieux dans ma peau et à l'aise en maillot de bain, et pour l'instant, ce n'est pas le cas, donc j'ai envie de faire des efforts pour moi! 

Voici une photo à la plage vers 19 ou 20 ans, puis une photo qui date de l'été dernier, à 28 ans, pour la comparaison. 

J'ai donc choisi, il y a quelques semaines, de me prendre en main. J'ai commencé à m'entraîner à la piscine plusieurs fois par semaine. Je marche, je vais glisser avec mes enfants... Je n'ai jamais été aussi active que maintenant. J'ai aussi fait des changements au niveau de mon alimentation. J'ai choisi de m'offrir un cadeau pour mes 30 ans : être en excellente forme physique et avoir un corps qui me rend fière! 

Je me donne 5 mois pour atteindre mes objectifs, et j'ai confiance que même si j'ai mis du temps avant de faire un changement, il n'est jamais trop tard pour prendre de saines habitudes de vie! Je mérite de me mettre en priorité et de m'accorder le temps nécessaire pour prendre soin de moi, et c'est ce que je m'applique à faire au quotidien!

Crédit photo de couverture : Stéphanie C Photographie


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